
Islande
Terre de feu et de glace
Il était une fois un rêve… Après deux échecs, je retente l’expérience. Les prémices d’une aurore se font immédiatement sentir mais le ciel se couvre. Les nuages, le vent menacent cet espoir, ce rêve à portée de main. Je prie. On dit qu’il faut regarder vers le Nord pour les apercevoir pourtant tout ce que j’observe, c’est la Grande Ourse dans une percée de temps à autre. L’appareil est en place, les réglages faits, mes doigts n’attendent qu’une chose alors que mes yeux s’éteignent. Il fait froid, mes mains sont gelées. Après 4 heures d’attente dans le froid mordant de l’Islande, je désespère et nous nous apprêtons à rentrer lorsqu’un voile presque imperceptible apparaît dans le ciel. Lorsque j’actionne le déclencheur de l’appareil, il révèle toute la beauté de la chose. Un voile blanc comme une légère fumée à l’œil, un embrasement vert derrière l’objectif. Le phénomène s’intensifie à chaque seconde qui passe chassant les nuages comme si le Seigneur voulait nous offrir ce présent. Ensuite, c’est le ciel tout entier qui s’embrase de magnifiques aurores vertes, parfois roses. L’activité s’intensifie, elles se multiplient, c’est alors qu’elles se mettent à danser dans le ciel. Je m’abandonne à cet instant, à ces frissons, oubliant les lendemains. Le temps n’a plus d’emprise. Il n’y a que moi, le ciel et ces aurores. Elles apparaissent, disparaissent, volent la vedette aux étoiles pourtant si belles. Incroyables, majestueuses, magiques, les mots ne suffisent pas… Si les vikings pensaient que les aurores étaient le reflet des armures des redoutables Valkyries chargées de mener les guerriers désignés par Odin jusqu'au Valhalla, les Finlandais ont eux aussi un très beau mythe. Au lieu de désigner les aurores par "lumières du nord", il utilise le terme "Revonlutet" traduit par "renard de feu". L'histoire raconte que les renards arctiques produisaient des aurores. Ces renards de feu courraient dans le ciel à une vitesse telle que la fourrure de leur grande queue, en frottant les montagnes environnantes, déclenchaient des étincelles illuminant la nuit. Une autre version de cette histoire raconte que les renards de feu, lancés dans leur course folle, projetaient vers le ciel, avec leur queue, la neige qui était déposée sur le sol. Les flocons, en retombant, reflétaient la lumière de la lune et donnaient vie aux aurores boréales. Une danse céleste où le temps n'a pas d'emprise. J’ignore combien de volcans sous-jacents peuplent les entrailles de cette terre hivernale à l’apparence apocalyptique et pourtant si calme, isolée du monde où la neige reprend ses droits recouvrant chaque pierre de son blanc manteau immaculé. Il ne fait pas si froid si l’on se fie au thermomètre et pourtant lorsqu’il souffle, le vent peut être glacial et rude. L’océan Arctique non loin, doit y être pour quelque chose. Sous cette apparence si clame, si froide, l’activité est bouillonnante. Le feu habite ses entrailles et attend patiemment son heure. Les glaciers ô combien, merveilleux, tels que Vatnajökull, masquent ce brasier infernal. Geysers, fjords, glaciers, phoques, baleines, ours polaires, renards arctiques et même quelques elfes selon ses habitants peuplent ses terres et ses mers. Direction le sud-est de l’île où nous faisons halte sur une plage de sable noir. Ses grains froids couleur ébène étincelant glissent entre mes doigts devant une mer houleuse qui nous offre un sublime instant. Déchaînée contre vents et marées, la houle implacable fait déferler les vagues qui s’échouent sur le rivage. Sauvage, indomptable, infatigable… Je pourrais passer la journée à contempler ses va et vient. En fin de journée, la beauté du lieu m’a sublimée. Une autre plage de sable noir aux abords d’un glacier. Des blocs de glace de toutes tailles peuplent le rivage tels des diamants polis par la mer. Les rayons du soleil couchant transpercent leur armure de glace et nous offre de somptueux reflets. Alors que l’astre doré décline, le ciel se teinte de magnifiques couleurs pastel bien caractéristiques du Grand Nord. Des nuances bleutées, rosées se mariant à la perfection avec le décorum. Les glaciers s’entrechoquent délicatement dans un tintement doux et mélodieux. Un son reposant provoquant un sentiment de grande quiétude. Ici, tout est pur, l’eau, la glace, le ciel et cette douce mélodie. Je me crois seule au monde et pourtant une rencontre inattendue se produit. Au loin, un phoque danse dans les flots limpides et disparaît.






















